Monica Bellucci: « J’ai aimé me baigner dans la maternité »
On la connaît sublime, on la découvre désopilante dans le film Des gens qui s’embrassent. Et sans langue de bois dans la vie.
Rappelez-lui qu’elle a été élue « la plus belle femme du monde » et vous l’entendrez éclater de rire. « Mais c’est complètement faux, c’est une image qu’on m’a collée ! », Monica balaie le compliment. Sa vérité est ailleurs.
Ravissante idiote
(Elle rit.) C’est le rôle cadeau que m’a offert Danièle Thompson. Giovanna a un côté bling-bling, superficiel, elle fait gaffe sur gaffe, mais, à côté de ça, elle a une vérité, un grand cœur, elle est pétrie d’amour et pour cette raison-là, on ne lui en veut pas. Raconter la profondeur derrière un apparente légèreté, c’est tout le talent de Danièle.
Vingt ans
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C’est l’âge de ma fille dans le film – dans la vie, les miennes ont trois et neuf ans. Moi, à vingt ans, j’étais comme beaucoup à cet âge-là, en recherche de moi-même. Partagée entre l’enthousiasme et l’inquiétude de ne pas savoir où j’allais. J’étais à l’université, je travaillais comme mannequin et rêvais de voyager, d’être indépendante… Je me sens très différente de la jeune femme que j’étais alors.
Maternité
Ce n’est pas un passage obligé pour se réaliser, mais je fais partie de ces femmes qui en avaient besoin. Si je n’avais pas pu avoir d’enfants, j’aurais adopté. Est-ce que j’aurais été prête à faire un bébé toute seule ? Je ne sais pas, je n’étais pas dans ce cas de figure, mais je peux comprendre le besoin absolu de donner la vie. Pour moi, le temps de la maternité a été un temps précieux. Je m’y suis consacrée pleinement. Avec volupté. D’abord, j’ai allaité mes filles, Deva, la grande, pendant neuf mois, et Léonie, pendant un an. J’ai eu mes deux enfants en huit ans et, à la différence de certaines femmes qui retrouvent leur silhouette quasi immédiatement, moi, il m’a fallu du temps. Et j’ai aimé ça. J’ai aimé me baigner dans la maternité. J’ai attendu longtemps avant de donner la vie, car j’avais une existence très décousue : j’étais toujours en voyage, toujours en tournage, toujours dans les hôtels, les avions… des enfants n’avaient pas de place dans cette vie-là. Et puis, à un moment, je me suis dit : « OK, là, je dois m’arrêter deux minutes pour réfléchir, pour comprendre ce que je suis et ce que je veux profondément. »
Vie nomade
C’est notre manière de vivre. Et je n’en connais pas d’autre. Mon travail déjà m’emmène dans des pays différents : j’enchaîne un film iranien, italien, français, américain… Avec les enfants, je m’organise. Deva pour le moment est scolarisée à Rio, au Brésil. Si je pars longtemps, je prends un tuteur. Je n’ai pas de « chez moi » comme on l’entend traditionnellement. Et je ne ressens aucun attachement pour un lieu, une maison. Je ne suis attachée qu’aux personnes. Mais quand il s’agit de poser mes valises, je sais très bien le faire, je sais disparaître, et j’en ai besoin même parfois. D’ailleurs ma maternité est une période de ma vie que j’ai vécue dans une sorte de recueillement.
L’homme de ma vie
L’homme qui m’a donné les deux plus beaux cadeaux au monde c’est Vincent (Cassel, ndlr). Et pour ça, je l’aimerai toujours. Quelle amoureuse je suis ? Je crois que comme toutes les femmes, je pourrais faire n’importe quoi par amour. En tout cas, si je devais choisir un seul mot dans le dictionnaire, ce serait « amore ». C’est celui qui me porte.
Saint-Valentin…
Sincèrement, tout ce qui est fêtes, dates anniversaires, etc., je trouve ça hyper ennuyeux. Je ne suis pas du tout sensible à ce genre de célébrations.
Vieillir
Dans le film de Danièle Thompson, le personnage le plus libre de tous, qui ne s’embarrasse de rien, c’est celui interprété par Ivry Gitlis, le grand-père. Il y a quelque chose de merveilleux quand on considère la vieillesse comme une évolution personnelle. On a et on prend le temps. On a cette générosité-là. Alors bien sûr la beauté physique s’en va, mais il y a une autre beauté à découvrir.
Liberté
L’essentiel. Et ça prend une vie pour la trouver. Parfois on croit être libre, mais on se leurre, car il y a tout un tas de chaînes mentales (la famille, l’éducation, la religion…) qu’on trimballe malgré soi. Pour se libérer de tout ça, c’est un travail énorme. La psychanalyse y aide. Moi, je n’ai pas eu le temps pour ça, mais, j’en aurais besoin comme tous les autres.
Le pape François
Il se dégage de lui une énergie incroyable et c’est un homme qui arrive à concilier deux choses très contradictoires : la compassion et l’autorité. Je me considère comme agnostique, je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas et je suis, comme beaucoup, pétrie de doutes.
Ce que femme veut, Dieu le veut
Si seulement c’était vrai ! En tout cas, les femmes sont pour moi sources d’inspiration et d’admiration. Parce qu’elles ont tellement souffert. « Sois belle et tais-toi », c’est la manière dont on nous a traitées depuis la nuit des temps. Avec la culpabilité qui va avec. On est comme des oiseaux à qui, après des siècles d’enfermement, on a ouvert la cage. Il va nous falloir du temps pour savoir voler librement.