Le développement fulgurant d’Eurofins, le petit labo nantais devenu entreprise du CAC 40
Aux côtés de Danone, Airbus ou LVMH, son nom ne vous dira pas forcément grand-chose. Pourtant, à partir de ce vendredi, la discrète Eurofins figurera officiellement parmi les plus grandes sociétés françaises cotées en Bourse, après avoir été choisie pour intégrer le CAC 40 en remplacement d’Atos. En à peine 35 ans, cette entreprise fondée à Nantes est devenue le leader mondial des tests et analyses « dans tous les domaines du vivant ». Rien ne semble entraver « l’appétit de croissance » revendiqué par ce groupe méconnu du grand public, pas même la crise sanitaire… bien au contraire ! Ses tests PCR, utilisés en masse partout dans le monde ces derniers mois, se sont traduits par plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires additionnels.
Pour le début de l’histoire, il ne faut pas remonter très loin, en 1987. Sûrement loin d’imaginer que leur petit labo emploierait 55.000 salariés dans 50 pays aujourd’hui, les époux Martin, chimistes nantais, lancent Eurofins avec leur fils Gilles, l’actuel PDG qui s’est depuis hissé au 24e rang des fortunes françaises, selon Forbes. Leur technologie, qui permet de détecter la chaptalisation des vins (cette technique permettant d’augmenter le taux d’alcool en rajoutant du sucre) séduit. En plus, elle est adaptable à d’autres produits…
Après avoir tissé sa toile dans l’agro-alimentaire, la PME s’ouvre au champ environnemental, puis à la pharmacie avant de conquérir celui de la génétique. « Nous avions cette ambition, qui pouvait être démesurée au départ, de devenir un jour l’acteur numéro 1 dans tous nos métiers et sur toutes les zones géographiques où nous sommes actifs, explique à 20 Minutes François Vigneau, vice-président des activités d’analyses alimentaires chez Eurofins. Nous nous sommes appuyés sur de la croissance organique et sur de la croissance externe, grâce aux acquisitions que nous avons multipliées depuis plus de vingt ans. Le CAC40 est une reconnaissance, une conséquence et non un objectif. »
Plus de 5,4 milliards de chiffre d’affaires
Une stratégie payante au vu des chiffres qui donnent le tournis. Un maillage de 900 laboratoires, plus de 5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020, des revenus qui augmentent de 34 % en moyenne chaque année… et un parcours boursier décrit comme exceptionnel avec « un cours de l’action qui a été multiplié par 375 » depuis son introduction en 1997. Rien que sur le site historique nantais (qui n’abrite plus le siège social, établi au Luxembourg), l’effectif est passé de 400 salariés il y a dix ans à 1.100 aujourd’hui, notamment pour répondre à la demande en constante hausse de recherche de pesticides ou bactéries alimentaires, de détection de polluants comme l’amiante, ou de réalisation d’empreintes génétiques humaines dans le cadre d’enquêtes judiciaires.
Alors, jusqu’où pourra aller Eurofins ? Sûrement encore très loin, répond Benoît Sévi, professeur de finances et directeur du laboratoire d’économie et de management de l’université de Nantes, qui précise qu’il s’agit « d’une petite capitalisation boursière » (24 milliards d’euros), aux côtés des poids lourds qui en pèsent plusieurs centaines. « Avec son entrée au CAC40, Eurofins va désormais être beaucoup plus visible auprès des investisseurs étrangers, un intérêt indéniable qu’a cette jeune firme pour continuer à grossir, poursuit l’enseignant. Elle sera du coup davantage suivie, ce qui demande d’être beaucoup plus prudent en matière de communication. »
Pas de quoi, semble-t-il, inquiéter les premiers concernés… « Eurofins a une stratégie définie de longue date, et qui a toujours été suivie, avec des engagements financiers tenus, observe François Vigneau. C’est encore une autre force de l’entreprise, souvent appréciée par les investisseurs. » Une ligne de conduite qui n’empêchera pas le groupe, comme il l’a fait avec le Covid, de « saisir des opportunités importantes dans d’autres domaines à l’avenir ».
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